Lapin moutarde

On reproche souvent aux premiers romans d’être nombrilistes : rien de tel avec Lapin moutarde de Léna Valéro : la famille qu’elle décrit n’a rien à voir avec la sienne. Et heureusement ! La soirée de Noël qu’elle raconte, où le lapin à la moutarde remplace la dinde aux marrons, met en scène une famille qui n’attend qu’une occasion pour se déchirer. Le jeune Hugo et ses questions déconcertantes, la mère inquiétante, le mari transparent et tous les autres personnages que semble unir un lourd secret, risquent de transformer en pugilat la paisible réunion familiale.

Ce récit haut en couleurs, l’histoire prenante, l’écriture truculente et poétique, les sensibles descriptions de Cherbourg témoignent chez Léna Valléro d’une grande maîtrise de son art : ce premier roman tient le lecteur en haleine, et en appelle bien d’autres.