Perdre le nord
Diane Debonaventure
Dans un hôtel perdu, et quasi désert, du grand nord canadien, un couple et leur petite fille adoptive tentent de trouver leurs marques. Bob, le mari, est un photographe littéralement fasciné par les aurores boréales. Laura, la mère, qui vient de découvrir ses origines Inuits, est en permanence plongée dans ses archives familiales. Lou, la fillette, trompe quant à elle son ennui en contemplant le paysage enneigé et hypnotique que traversent, parfois, de rares ours égarés.
Un chasseur d'image épris de beauté, une femme férue de culture ancestrale, une petite fille rêveuse... Une certaine image du bonheur familial ? Pas forcément. Dans ce roman contemplatif et faussement ouaté plane, en effet, comme un malaise diffus.
La presse en parle
Lu Pour vous
Est-ce le trop grand silence qui pèse sur ces trois personnages ou l'omniprésence d'une nature inquiétante ? Maitresse absolue de l'ellipse et des non-dits notre jeune romancière, dont c'est pourtant le tout premier ouvrage, a l'art de suggérer beaucoup tout en disant peu. Attentive et respectueuse du mystère des êtres et des choses elle sait, tour à tour, créer l'émerveillement poétique ou l'inquiétude en un tour de phrase. On n'oubliera pas, à cet égard, la stupéfiante image qui clot le récit. Cette aveuglante, et quasi-cinématographique, tâche rouge qui jure sur la neige est-elle une goutte de sang, un peu de peinture ou le banal relief d'un repas ? Là encore notre romancière se garde bien de trancher. Choix habile puisque, déstabilisé, le lecteur n'a dès lors plus d'autre choix que de se replonger dans cet ouvrage dans l'espoir, peut-être vain, d'en saisir enfin les enjeux véritables.