RencontreS

Ceci n'est pas une revue !

​

Pour paraphraser Magritte, nous dirons que RS n’est pas une revue. C’est avant tout la rencontre de deux passionnés, de deux passions. La restauration de tableaux pour l’une, l’écriture pour l’autre. Un métier d’art, un auteur et metteur en scène.

​

Dans ce numéro 1, nous voulons faire découvrir le métier d’Ariane Blanche, restauratrice d’art, sa pratique, la manière spécifique dont elle l’exerce, et donner à cette découverte un corollaire littéraire.

Le hasard, nous l’avons annoncé, guide le choix des thèmes et des sujets abordés. Bien entendu, les premiers mots échangés l’ont été autour de la pratique d’Ariane, de sa formation, de ses réalisations… C’est la technique ou plutôt les différents moyens de restaurer un tableau que nous vous proposons de découvrir. Ce fut aussi l’occasion de partager nos savoirs, nos pratiques, nos intérêts artistiques.

 

Et après ?

Après, c’est l’arrivée, dans son atelier, d’une Diane chasseresse surprise au bain, tableau du XVIIe siècle qui nous ouvre un nouveau thème de conversation. La demande du propriétaire est qu’Ariane supprime les repeints du XIXe, c’est-à-dire qu’elle ôte les voilages qui couvrent la nudité de la nymphe et de ses suivantes. Une opération typique d’un siècle moralisateur qu’il nous a amusés de discuter et de moquer.

 

Et comme le hasard fait bien les choses, voilà qu’au même moment, dans un collège de la région parisienne, une autre Diane chasseresse surprise au bain fait scandale. Mais cette Diane-là, à la différence de la nôtre, n’est recouverte d’aucun voile de pudeur et étale sa nudité sans vergogne. De quoi effrayer la chair tendre de quelques collégiens. Précisons que les deux tableaux, le nôtre et celui du collège, sont du même siècle.

​

À partir de cette coïncidence, les discussions s’engagent et prennent des chemins de traverse. Rarement des impasses. Avions-nous envisagé de discuter de la nudité dans l’art ? Avions-nous songé à comparer ces deux tableaux et de remarquer comment l’un et l’autre illustraient bien différemment le mythe d’Ovide ? Non, bien sûr. Nous nous sommes laissés guider par l’intuition du moment.

 

Et de là, nouvelle étape de notre voyage dans l’inconnu : les faussaires dans l’art. Quand apparaissent-ils sur le marché ? Et d’ailleurs pourquoi sommes-nous tant fascinés par eux ?

Et puis, comme il faut bien clore nos échanges, un tableau de Jules Paressant, qu’Ariane doit restaurer, fera l’affaire. Il nous amène à nous questionner sur la création contemporaine. De quelle période artistique ce tableau peut-il se revendiquer ? Art contemporain ? Art moderne ou classique ? Quelle est la différence ? Et en quoi l’utilisation de support et matériaux de plus en plus divers, modifie la pratique des restaurateurs ?

 

Et enfin, que viennent faire ces articles sur les portraits et les paysages au décours de notre interrogation sur le moment présent de l’art ? Que nous apprennent-ils de nous ? Et…

Une année d’étonnement et d’enrichissement.